Equanimité
Ce matin, le réveil a sonné et lancé le compte à rebours d’une journée qui s’avérera épuisante. Cafetière, douche en attendant l ‘écoulement de ce liquide noir qui lui donnera l’impression de faire le plein d’énergie pour affronter la réalité qui n’égalera pas l’onirisme. Cheveux encore mouillés, tasse de café et télévision pour se délecter des informations internationales, nationales, régionales, locales qui le réconfortent en lui exposant ce grand zoo terrestre et ses tragédies. Il se sent mieux en constatant que ses malheurs ne sont que des soucis et il allume sa première cigarette en attendant que le café soit plus froid. La fenêtre ouverte sensée aspirer les odeurs de son prochain cancer ne laisse rentrer que de l‘air glacé. Pas suffisamment pour qu’il se sente impliqué par la vague de froid qui sévit en Europe de l’est mais assez pour qu’il enfile un pull. il regarde toujours deux fois la même diffusion qui va tourner en boucle pendant deux heures, pour être certain de n’avoir pas loupé un mot qui pourrait changer le sens d’une vérité établie par cette chaîne d’information continue. Une fois nourris par les images et les mots, pris les indices boursiers en guise de dessert, il cherche les clés de la voiture qu’il ne range jamais au même endroit. Tiroirs, poches, frigo, et micro-ondes finissent par lui livrer le trousseau. Il éteint tout, salle de bain, cuisine, salon, télévision, couloir et sort tout doucement… Son amour et ses enfants dorment encore… Dehors, les étoiles lui rappellent qu’il est inhumain d’être déjà en pull, « caféiné » et « nicotinisé » alors que l’horloge biologique n’a pas encore sonné l’heure de l’ouverture oculaire. Carrefour, bordures, tonneaux,… Non, cette journée ne sera pas épuisante, elle ne sera pas. Demain matin, je me lèverai, regarderai les informations locales, entendrai parler d’un accident pas loin de chez moi, et, en avalant mon café encore tiède, apprécierai la chance de n’avoir pas à prendre mon véhicule pour aller travailler. Je jouirai de ne pas être concerné par la visite de la gendarmerie qui aura réveillé un amour et des enfants. Mes malheurs se transformeront en simples soucis.