Avidité
Elle est noire, grande, élancée, d’une beauté inimitable. Elle était fière, multiple et désordonnée, c’est-ce qui faisait son charme. Elle peut-être du Nord, du sud, australe, de sable, de roc et de verdure. Elle est aussi animale qu’humaine, autant aride qu’inondée Elle est d’une richesse intérieure sans égale Son ventre est fertile et reste le berceau de toute vie. Elle est l’objet de tous, elle attire par sa peau, sa chaleur, ses trésors enfouis. Pourtant, malgré et à cause de toutes ses qualités, elle est piétinée de chacun. De ses propres frères, de ses voisins, de ces inconnus qui n’ont pas la sagesse d’admirer la beauté sans avoir le besoin de la conquérir. Elle est noire, grande, élancée, d’une beauté inimitable. Mais elle gît ici, dans ce bourbier, à terre, le corps à demi enseveli, meurtri par ces bandes organisées. Les tournantes durent depuis si longtemps, elle est détachée de son corps, simple observatrice de sa déchéance. Elle meurt en essayant de garder sa dernière étincelle à l’abri d’un oasis, sa résurrection en dépend. Elle trépasse sous l’indifférence des passants. Elle disparaît sous les regards détournés. Elle ne sera plus belle, elle n’est déjà plus fière. Elle ne sera plus nulle part et n’est déjà plus tout simplement. Mon Dieu qu’elle était belle l’Afrique.